Par la pratique du dessin, de la peinture et du dessin animé le travail de Joanna Chelkowska exprime des problématiques qui sont aux frontières de l’intime et du collectif : l’obsession du corps, la perte de repères, le repli sur soi. La notion de surface et de contenant est au cœur de son propos. Son travail, profondément ancré dans la matière, se développe au contact des matériaux et des outils présents dans l’atelier. Ses alliés de création sont le papier, le fusain, les pigments, et l’efface. Elle utilise un vocabulaire formel simple et une gestuelle dépouillée, mais dans la répétition et l’accumulation du motif se révèlent de nombreuses strates symboliques qui impriment une charge émotive.
Chambre noire
Exposé à Sporobole dans le cadre du Festival Cinéma du Monde de Sherbrooke, Chambre noire est un projet de dessin animé présenté sous forme d’installation. Trois murs sont disposés dans la galerie de manière à former une “chambre vide” sur laquelle sont projetées différentes séquences du dessin animé. Depuis deux ans, Joanna Chelkowska travaille sur une multitude de dessins et de peintures représentant une chambre où émergent des motifs qui tapissent en filigranes les murs de ces pièces vides, évoquant le parasitage d’un espace vierge. À partir des thèmes de l’enfermement et de la relation entre les espaces physiques et mentaux, Chelkowska s’intéresse à l’espace fermé dans sa forme la plus simple : une pièce vide. L’oeuvre animée, réalisée au pochoir et au crayon de graphite, présente des formes géométriques qui se déplacent, se transforment et se dérobent. Les formes se dessinent et s’effacent aussitôt. Des lignes traversent les murs en tous sens pour reproduire l’effet optique de forces opposées : successivement centrifuges et concentriques. Par la mise en forme installative du dessin animé, il est alors possible de penser le dessin en dehors de la feuille de papier, de le sortir de sa nature bidimensionnelle et de le faire vivre à travers une expérience numérique. L’artiste souhaite inviter le spectateur à entrer dans l’œuvre comme on entre dans une chambre réelle, pour qu’il puisse se sentir habité par le dessin en train de se créer.