Vie des arts : APPEL DE PROPOSITIONS Numéro : 259 – Été 2020

Date de tombée : 22 mars 2020
Dossier thématique « RE : TR : manipulations et autres usages fragmentaires d’Internet »
Internet est partout et nulle part à la fois. Un réseau mondial de connexions qui vise la transmission de l’information et le transfert de données, semblant être toujours plus intangible au fur et à mesure que les interfaces rapetissent et que les technologies de télécommunication s’intègrent aux objets courants. Pourtant, son maintien nécessite des infrastructures énergivores en constante évolution. Les avancées se font rapidement, tellement qu’il serait aujourd’hui considéré désuet de parler d’une ère « Post-Internet », ou d’un « art Post-Internet », comme catégories à part entière. Ces nomenclatures seraient en elles-mêmes tautologiques : on parle d’ailleurs d’un post-, ou d’un après Internet, signifiant que la Toile a pris suffisamment d’ampleur dans l’organisation de nos sociétés pour que l’on soit en mesure d’identifier un point tournant, à partir duquel Internet est devenu un environnement (Aranda, Wood et Vidokle, 2015). D’autres iront plutôt dire que le Post-Internet n’est pas non plus un moment historique, mais qu’il serait un style, une esthétique, ou un moyen d’entrer en relation avec une culture qui défile sur le web (Quaintance, 2015).
Mais qu’est réellement la culture Internet ? D’une certaine manière, elle engloberait à la fois toutes les déclinaisons technologiques qui permettent de mettre en place le réseau Internet et son utilisation – téléphones intelligents, ordinateurs, interfaces, applications, programmation, etc. – mais aussi la totalité du contenu qui nous est rendue accessible et les paramètres mêmes de cette accessibilité – algorithmes, découvrabilité, données, profilage, etc. Comme écrit par Morgan Quaintance dans son article Right Shift: On the End of Post-Internet Art (2015), « le domaine principal du Post-Internet n’est pas Internet, mais bien une portion du World Wide Web, dominée par la culture populaire américaine » (notre traduction). La culture Internet serait en cela une monoculture, et si elle est orientée par les données publicitaires recueillies par le comportement des utilisateurs, elle en vise aussi l’uniformisation. Des événements récents incitent d’autant plus à la réflexion : la fuite de données chez Desjardins et la protection des renseignements personnels; la crise des médias et l’impact des géants du Web sur l’économie locale; la nécessité de valoriser des contenus québécois sur les grandes plateformes de distribution en ligne; les débats autour de la liberté d’expression ou de la censure, et les limites éthiques relatives aux contenus offensifs qui circulent en libre accès sur Internet…
Sommes-nous devant le constat que l’utopie initiale que promettait Internet, celle qui annonçait une démocratisation sans précédent et la création d’un village global unifié, a échoué ?
L’objectif du présent dossier « RE : TR : manipulations et autres usages fragmentaires d’Internet » vise à cerner les manipulations multiples et critiques d’un art qui se fait en résonnance à Internet comme système culturel : celles relatives à la dystopie, à la fragmentation, à la re-matérialisation, à l’obsolescence, à la géolocalisation, à la surveillance, à la valeur d’usage du comportement ou à l’écologie du Web. Les textes recherchés s’intéresseront aux artistes qui font d’Internet leur outil ou leur thématique de prédilection.
Rubriques récurrentes
Vie des Arts publie également des critiques d’exposition, des profils d’artistes, de brèves actualités qui mettent en valeur les enjeux qui façonnent l’art actuel et son milieu. Les propositions doivent être courtes, inclure le sujet anticipé ainsi qu’une description de l’angle critique envisagé pour la rédaction. Les sujets couverts doivent correspondre au calendrier de publication, le numéro 259 étant prévu pour juillet 2020.
Toutes les soumissions, pour le dossier thématique et les rubriques récurrentes, doivent comprendre une proposition de texte (350 mots), trois extraits de textes antérieurs (publiés ou non) ainsi qu’une courte biographie (40 mots), et être envoyées à redaction@viedesarts.com avant le 22 mars 2020. Nous ferons un suivi avec les propositions pressenties, et les textes finaux, suivant l’entente préalablement prise avec la rédaction, devront être rendus pour la mi-mai.