Chantal duPont: Le point de fuite
Commissaire / Curator Anne Golden
Dans sa vidéo Du front tout le tour de la tête, Chantal duPont affirme : « C’est le point de fuite que je préfère ». Le point de fuite est quelque chose qu’elle contemple/engendre dans plusieurs de ses vidéos. Dans nombre de ses œuvres, la caméra tourne sur elle-même; ou c’est l’artiste elle-même qui tourne. Il y a une certaine instabilité dans la rotation, mais nous sommes entre de bonnes mains et quand elle s’arrête, quelque chose de nouveau nous aura été montré.
Chantal duPont a créé des œuvres d’art qui mettent l’accent sur la fragilité, sur la corrélation entre sa propre peau et la bande vidéo/membrane, aujourd’hui presque obsolète. Dans ses œuvres plus récentes, le corps de duPont occupe une place centrale. Elle se met en scène pour réfléchir à la maladie, parvenant en même temps à créer des œuvres qui évoquent une approche souple de l’utilisation de la technologie. Elle se met également en scène pour enregistrer son propre émerveillement par rapport aux objets qui modifient son apparence. L’artiste se joue de la fixité en transformant constamment les images et/ou les objets. Ses œuvres créent de nouveaux espaces par des combinaisons et des juxtapositions surprenantes de au-dessus/en dessous, en haut/en bas et loin/près.
Dans des œuvres telles que Voir au-delà (2008), Visages (2013) et Les yeux dans les yeux (2016), le regard de Chantal est tendre, intelligent, curieux. Elle peut aimer le point de fuite, mais elle sert aussi d’ancre, de point fixe.
Quand je pense à Chantal duPont, je pense à sa curiosité et à son émerveillement. Elle était intensément curieuse et possédait une formidable détermination à créer. Lors de sa dernière exposition, Chantal était présente presque tous les jours [1]. J’ai admiré sa capacité à s’ancrer fermement dans le présent, en accueillant avec un sourire ses amis, sa famille et les spectateurs. Ce fut remarquable d’être en présence d’une personne aussi engagée, active et soucieuse de partager son travail.